Vive l’été! Mais gare aux coups de chaleur !

Par Dre Valérie Sauvé, DMV, Dipl. ACVECC

Le printemps est arrivé et nous sommes tous, incluant nos compagnons poilus, très excités d’aller jouer dehors! Cependant, il faut garder en tête que la chaleur, surtout couplée avec la surexcitation, l’humidité ou l’exercice, peut présenter des dangers pour nos amis canins.

Notre discussion ici portera principalement sur les chiens, parce qu’il est rare que les chats souffrent de coups de chaleur. Nous ne voyons que quelques chats chaque année à l’urgence qui sont très malades d’avoir passé du temps dans une sécheuse en fonction, ou confinés au soleil direct.

Mais pourquoi ce chien, cette année et aujourd’hui?

D’abord, il est important de ne JAMAIS laisser un chien, un chat, un oiseau… ni son enfant seul dans la voiture l’été. C’est simple : il s’agit d’une règle ferme !

Ensuite, certains chiens auront une diminution de leur capacité ventilatoire de par leur conformation (p. ex. races brachycéphales) ou une maladie qui était peu clinique avant le stress de la chaleur. Pour ces patients, les marches devraient être évitées durant les journées chaudes et humides. Ils ne supporteront pas les halètements excessifs et préfèreront l’air conditionné.

En effet, particulièrement lorsqu’il fait chaud, les chiens dissipent la chaleur en haletant. Les chiens qui ont les voies respiratoires supérieures partiellement obstruées auront de la difficulté à évaporer la chaleur, ce qui causera plus de stress sur le système respiratoire. Cela peut causer de l’inflammation et de l’enflure, ce qui peut rendre la respiration et l’évacuation de la chaleur encore plus difficile. Ceci entraînera un cercle vicieux de difficulté respiratoire, d’anxiété et d’hyperthermie pouvant les mener directement à l’urgence. Par exemple, il est courant que des chiens avec de légers symptômes de paralysie laryngée ou collapse trachéal nous soient amenés en détresse respiratoire et hyperthermie sévère au printemps.

Les animaux plus vieux ou ceux avec des conditions médicales seront aussi plus sensibles aux variations de température.

L’acclimatisation fait toute la différence

Il est préférable de garder le jogging ou les jeux de frisbee pour les journées plus fraîches, les soirées ou tôt le matin, pour tous les chiens. Au début de l’été, recommandez d’augmentation de façon progressive l’exercice des chiens actifs en au moins 2 semaines lorsque les jours chauds arrivent.

Malgré la prévention, des clients nous appellent et suspectent un coup de chaleur – que recommander?

D’abord, il faut cesser toute activité physique, retirer l’animal de l’environnement chaud, le calmer et le placer dans un endroit ombragé et frais. Le propriétaire peut offrir de l’eau au chien s’il n’est pas en détresse respiratoire, est bien éveillé et ne démontre pas de vomissements. Ensuite, il est idéal de mesurer la température rectale, ceci sera utile afin de déterminer les prochaines actions à suivre. En général, il sera approprié de recommander de refroidir le chien, ne pas le submerger, mais plutôt le doucher (avec un tuyau d’arrosage par exemple) avec de l’eau légèrement froide. Ensuite, un ventilateur peut être appliqué sur l’animal.

Un bain de glace est déconseillé, en plus de possiblement noyer l’animal, ceci va ralentir la dissipation de la chaleur en causant la constriction des vaisseaux de la peau. Asperger d’alcool à friction est également déconseillé.

Traitement du coup de chaleur

L’animal devrait être évalué par un vétérinaire le plus tôt possible. À la présentation, la température peut être

élevée, normale ou basse selon les interventions du propriétaire et le délai de présentation. De façon générale, il est recommander de refroidir l’animal jusqu’à environ 39,5oC, puis de sécher le patient avec une serviette. Il n’est pas nécessaire de refroidir jusqu’à une température normale, puisque ceci entrainera souvent de l’hypothermie par la suite. L’hospitalisation sera recommandée dans la majorité des cas.

Une myriade de complications médicales peut se produire à la suite d’une hyperthermie marquée, tous les organes et tissus seront affectés par la chaleur. Le choc cardiovasculaire est une inquiétude primaire et se produit rapidement après l’exposition à la chaleur. Souvent, les patients seront présentés en choc hypovolémique et des fluides intraveineux en bolus seront requis. Les bolus de cristalloïdes seront administrés jusqu’à concurrence de 90 ml/kg (60 ml/kg chez le chat) par aliquote d’environ le quart de cette dose totale (20-30 ml/kg (10-15 ml/kg chat) en 15-20 minutes, répétés au besoin jusqu’à 90 ml/kg.) Si de larges volumes de fluides sont nécessaires, considérez utiliser des colloïdes après 2 ou 3 bolus de cristalloïdes (bolus de 5 ml/kg (3 ml/kg chat), jusqu’à un maximum de 20 ml/kg (15 ml/kg chat). Selon les pertes continues du patient, notez que ces volumes sont additifs, c’est-à-dire que donner ½ du volume total de cristalloïdes (45 ml/kg) puis ½ de colloïdes (10 ml/kg) constitue la quantité maximale de fluides appropriée à administrer. Des inopresseurs (norépinéphrine, dopamine, etc.) pourraient s’avérer nécessaires si le patient ne se stabilise pas avec des fluides seulement.

La coagulation intravasculaire disséminée est une séquelle commune du coup de chaleur et peut se développer jusqu’à plusieurs heures après le retour à la normale de la température. Idéalement, un comptage plaquettaire et un profil de coagulation (PT/PTT ) devraient être faits à la présentation et plus tard en court de traitement selon la progression. Une transfusion de plasma est souvent nécessaire pour corriger les anomalies de l’hémostase secondaire.

De l’oxygène devait être administré à la présentation et jusqu’à ce qu’il soit déterminé que le patient a une bonne oxygénation artérielle. Un oxymètre de pouls ou un gaz sanguin artériel aidera à évaluer de façon objective le besoin de supplémentation d’O2. Des radiographies thoraciques sont indiquées dans plusieurs cas, considérant que de l’hémorragie pulmonaire et une pneumonie par aspiration peuvent se développer. Un examen des voies respiratoires supérieures peut aussi être indiqué lorsque l’animal sera stable.

Le système nerveux central sera affecté à divers degré, ceci manifesté pas un état mental altéré jusqu’à des convulsions ou un coma dans les cas graves. L’hypoglycémie peut contribuer à un état mental altéré et devrait être suivie et traitée tôt. Une fois la perfusion rétablie, l’état mental de l’animal devrait être réévalué et du mannitol peut être administré au besoin (0.5 à 1 G/kg en 20 minutes) ainsi que les soins de support et symptomatiques.

Enfin, les reins et le système digestif peuvent aussi être touchés. Il sera important de surveiller la production urinaire, les valeurs rénales et les électrolytes et de fournir des traitements de support pour les symptômes digestifs.

Pronostic

Selon le degré et la durée de l’hyperthermie et l’intervention médicale rapide et efficace, beaucoup survivront cette condition sans séquelle significative. Malheureusement, si plusieurs systèmes sont gravement touchés, particulièrement si le système nerveux central est sévèrement affecté, et selon la condition de santé préalable de l’animal, le coup de chaleur peut aussi s’avérer mortel.

Cela se produit en général au début de l’été, avant que les animaux se soient acclimatés aux chaleurs, alors soyez prêts !

Pour télécharger et imprimer cet article, cliquez ici.

Laisser un commentaire